Généralité

Le milieux saumâtre

Par saumâtre on entend une eau qui contient des sels en moins grande quantité que l'eau de mer mais aussi parfois plus, on parle alors d'eau sursalée. Il est à noter qu'une eau saumâtre peut contenir d'autres sels que le chlorure de sodium (lacs natronés du Tchad à la salinité sodique et potassique très importante ; les sources de Yellowstone aux Etats Unis ; certaines salines...). Pour l'aquariophile, seul la concentration en chlorure de sodium est importante ; on se limitera donc aux salinité résultant d'un mélange d'eau douce et d'eau de mer.

Petit aparté sur les notions de salinité et de densité : Par convention, la salinité est représentée par la lettre S majuscule ; elle est exprimée en grammes pour mille ; par exemple une salinité de 35g par litre est indiquée pas S 35 pour mille. En aquariophilie marine on parle de densité (cf. dictionnaire) : une salinité de 32 à 35g/l (S32 à S35 pour mille) correspond à une densité de 1025 environ. Les eaux salées de 3 p.1000 à 18 p.1000 sont dites mésohalines ; de 18 p.1000 à 33 p.1000 polyhalines ; les eaux douces infrahalines et l'eau de mer ultrahaline.

Mangrove

On trouve donc des eaux saumâtres partout où l'eau mer se mêle à de l'eau douce, c'est à dire dans les lagunes et les estuaires où la mer à marée haute pénètre dans les terres. Dans ces écosystèmes les paramètres physico-chimiques de l'eau (notamment la densité et la température) varient au grès des marées, de la saison des pluies et du débit des fleuves. La mangrove est quant à elle spécifique aux régions côtières intertropicales. « Cette formation végétale se caractérise par des forêts impénétrables de palétuviers, qui fixent leurs fortes racines dans les baies aux eaux calmes, où se déposent boues et limons ». En aquarium pas question de manipuler de la vase (!) mais un beau sable de Loire foncé et assez fin donnera un résultat convaincant. Les espèces qui vivent dans ces biotopes ont des capacités d'adaptation incroyables (= poissons euryhalins): ceux qui vivent à l'embouchure des fleuves comme les monodactylidés ou les scatophagidés peuvent passer en quelques heures de l'eau douce à l'eau de mer sans aucun problème (à l'âge adulte). Les autres peuvent tolérer des variations de salinité à condition que ces dernières soient progressives.

 

L'aquarium saumâtre idéal

En fait il n'y en a pas un seul mais plusieurs. Tout dépend de la population souhaitée et de la salinité de l'eau, ces deux facteurs conditionnant l'aspect que pourra avoir le bac. Un aquarium saumâtre est souvent spécifique à l'extrême dans le sens où certains poissons pourront rester toute leur vie dans une eau à la salinité peu importante alors que d'autres nécessiteront, en grandissant, l'utilisation d'une eau de plus en plus salée (voir d'eau de mer). La plus part des poissons concernés atteignent des tailles conséquentes et ont besoin d'espace (minimum 200l) c'est le cas du Monodactilus Argenteus (Poisson lune argenté) du Scatophagus argus (scatophage) ou du Toxotes Jaculatrix (poisson-archer) qui une fois adultes peuvent vivre en eau de mer. L'aquarium des premiers pourra avoir un décor marin constitué de roches calcaires, de sable de corail et devra être doté d'une filtration puissante car ces poissons sont de gros pollueurs ; celui du second pourra imiter le biotope d'une mangrove (l'idéal étant un paludarium) : grandes racines de palétuviers et accessoirement des plantes aquatiques aériennes ou palustres (puisque les Toxotidés peuvent vivre dans une eau à la salinité de 5 p. mille). Certains amateurs éclairés prennent en compte ces paramètres et mettent en place un bac évolutif ou la salinité augmente dans le temps avec la croissance des poissons. Apres plusieurs années l'utilisation d'un écumeur devient nécessaire et l'introduction d'organismes marins est possible (pierres vivantes, bernard-l'ermite...). Ce type d'aquarium est passionnant et correspond à la réalité des besoins de certains poissons mais la plus part des aquariophiles ne conçoivent l'eau saumâtre que comme un petit laboratoire et l'expérience est souvent avortée prématurément. Que ces derniers ne désespèrent pas car certains poissons d'eau saumâtre deviennent moins gros et sont moins exigeants quant à la salinité de l'eau (5 à 10% d'eau de mer). Certaines espèces ont l'avantage de pouvoir être maintenues dans des bacs de petite dimension et le fait que la salinité soit faible autorise la culture de certaines plantes aquatiques. Abandonnez l'espoir d'avoir un bac hollandais saumâtre mais certaines cultures peuvent être tentées : Cryptocoryne Ciliata se comporterait très bien et si la salinité est faible on peu essayer certaines espèces de Sagittaria ou du Myriophyllum et du Ceratophyllum. L'idéal en fait est de construire un paludarium dans lequel sera aménagé une cuve dans la cuve ; la plus petite placée dans le fond pourra accueillir des plantes palustres plus délicates et sensibles au sel (cette partie étant moins salée que le reste du paludarium) : effet garanti quand les grandes feuilles émergées viendront flirter avec la surface de l'eau.